La génération des corps

Les révolutions de la Sphère Corps-Tête
Un corps écrin et  support pour véhicule
Mains et jambes. Une direction : la marche avant.
Le pur feu de la  lumière douce des yeux
Jonction et disjonction des  lumières
Le sommeil, ses causes
La réflexion dans le miroir.
La symétrie miroir et l'inversion d'une dimension
Primat de l'âme invisible, indivisible et perfectible
(en raison et en intelligence)
Hiérarchie des causes

 

Attachons-nous à la question préliminaire de la génération des corps, partie par partie, et voyons pour quels motifs et en vertu de quelle prévoyance les dieux ont donné naissance à l’âme, en nous tenant aux opinions les plus vraisemblables ; car c’est ainsi et suivant ce principe que doit marcher notre exposition. p99

Les révolutions de la Sphère Corps-Tête p100

À l’imitation de la forme de l’univers qui est ronde, les dieux enchaînèrent les révolutions divines, qui sont au nombre de deux, dans un corps sphérique, que nous appelons maintenant la tête, laquelle est la partie la plus divine de nous et commande toutes les autres.

Un corps écrin et support pour véhicule

Puis, après avoir assemblé le corps, ils le mirent tout entier à son service, sachant qu’elle participerait à tous les mouvements qui pourraient exister.

Enfin, craignant qu’en roulant sur la terre, qui est semée d’éminences et de cavités, elle ne fût embarrassée pour franchir les unes et se tirer des autres, ils lui donnèrent le corps comme véhicule pour faciliter sa marche.

C’est pour cela que le corps a reçu une taille élevée et qu’il a poussé quatre membres extensibles et flexibles, que le dieu imagina pour qu’il pût avancer.

Par la prise et l’appui que ces membres lui donnent, il est devenu capable de passer par des lieux de toute sorte, portant en haut de nous l’habitacle de ce que nous avons de plus divin et de plus sacré.

Mains et jambes, Une direction : la marche avant.

Voilà comment et pourquoi des jambes et des mains ont poussé à tous les hommes.
Puis, jugeant que la partie antérieure est plus noble et plus propre à commander que la partie postérieure, les dieux nous ont donné la faculté de marcher en avant plutôt qu’en arrière.

Il fallait donc que le devant du corps humain fût distinct et dissemblable de la partie postérieure. C’est pour cela que, sur le globe de la tête, ils placèrent d’abord le visage du côté de l’avant et qu’ils fixèrent sur le visage les organes utiles à toutes les prévisions de l’âme, et ils décidèrent que la partie qui se trouve naturellement en avant aurait part à la direction.

 

Le pur feu de la lumière douce des yeux p101

Les premiers organes qu’ils fabriquèrent furent les yeux porteurs de lumière ; ils les fixèrent sur le visage dans le but que je vais dire.

De cette sorte de feu qui a la propriété de ne pas brûler et de fournir une lumière douce, ils imaginèrent de faire le propre corps de chaque jour, et le feu pur qui est en nous, frère de celui-là, ils le firent couler par les yeux en un courant de parties lisses et pressées, et ils comprimèrent l’oeil tout entier, mais surtout le centre, de manière qu’il retînt tout autre feu plus épais et ne laissât filtrer que cette espèce de feu pur.

Jonction et disjonction des lumières

Lors donc que la lumière du jour entoure le courant de la vision, le semblable rencontrant son semblable, se fond avec lui, pour former dans la direction des yeux un seul corps, partout où le rayon sorti du dedans frappe un objet qu’il rencontre à l’extérieur.
Ce corps, soumis tout entier aux mêmes affections par la similitude de ses parties, touche-t-il quelque objet ou en est-il touché, il en transmet les mouvements à travers tout le corps jusqu’à l’âme et nous procure cette sensation qui nous fait dire que nous voyons.

Le sommeil, ses causes p102

Mais quand le feu parent du feu intérieur se retire à la nuit, celui-ci se trouve coupé de lui ; comme il tombe en sortant sur des êtres d’une nature différente, il s’altère lui-même et s’éteint, parce qu’il n’est plus de même nature que l’air ambiant, lequel n’a point de feu.

Il cesse alors de voir, et, en outre, il amène le sommeil.
Car lorsque les paupières, que les dieux ont imaginées pour préserver la vue, sont fermées, elles retiennent en dedans la puissance du feu.
Celle-ci, à son tour, calme et apaise les mouvements intérieurs, et cet apaisement produit le repos.
Quand le repos est profond, un sommeil presque sans rêve s’abat sur nous ; mais s’il reste des mouvements un peu violents, ces mouvements, suivant leur nature et le lieu où ils restent, suscitent en dedans de nous autant d’images de même nature, qui, dans le monde extérieur, nous reviennent à la mémoire, quand nous sommes éveillés.

La réflexion dans le miroir.

Quant à l’origine des images produites par les miroirs et par toutes les surfaces brillantes et polies, il n’est plus difficile de s’en rendre compte. C’est de la combinaison des deux feux, intérieur et extérieur, chaque fois que l’un d’eux rencontre la surface polie et subit plusieurs changements, que naissent nécessairement toutes ces images, parce que le feu de la face réfléchie se fond avec le feu de la vue sur la surface polie et brillante.

 

La symétrie miroir et l'inversion d'une dimension p103

Mais ce qui est à gauche apparaît à droite, parce qu’un contact a lieu entre les parties opposées du courant visuel et les parties opposées de l’objet, contrairement à ce qui se passe d’habitude dans la rencontre. (se référer au shémas du texte original),
Au contraire, la droite paraît à droite et la gauche à gauche, quand le rayon visuel change de côté, en se fondant avec la lumière avec laquelle il se fond, et cela arrive quand la surface polie des miroirs, se relevant de part et d’autre, renvoie la partie droite du courant visuel vers la gauche et la gauche vers la droite.
Si le miroir est tourné de façon que la courbure soit placée suivant la longueur du visage, il le fait paraître tout entier renversé, parce qu’alors il renvoie le rayon visuel du bas vers le haut et celui du haut vers le bas.

 

Primat de l'ame invisible, indivisible et perfectible (en raison et intelligence)

Tout cela se classe parmi les causes secondaires dont Dieu se sert pour réaliser, autant qu’il est possible, l’idée du meilleur.
Mais la plupart des hommes les tiennent, non pour des causes secondaires, mais pour les causes primaires de toutes choses, parce qu’elles refroidissent et échauffent, condensent et dilatent et produisent tous les effets du même genre.

Or elles sont incapables d’agir jamais avec raison et intelligence.
Car il faut reconnaître que l’âme est le seul de tous les êtres qui soit capable d’acquérir l’intelligence, et l’âme est invisible, tandis que le feu, l’eau, la terre et l’air sont tous des corps visibles.

Hiérarchie des causes

Or quiconque a l’amour de l’intelligence et de la science doit nécessairement chercher d’abord les causes qui sont de nature intelligente, et en second lieu celles qui sont mues par d’autres causes et qui en meuvent nécessairement d’autres à leur tour.
C’est ainsi que nous devons procéder, nous aussi.

Il faut parler des deux espèces de causes, mais traiter à part celles qui agissent avec intelligence et produisent des effets bons et beaux,
puis celles qui, destituées de raison, agissent toujours au hasard et sans ordre.

En voilà assez sur les causes secondaires qui ont contribué à donner aux yeux le pouvoir qu’ils possèdent à présent. Il nous reste à parler de l’office le plus important qu’ils remplissent pour notre utilité, office pour lequel Dieu nous en a fait présent.